19/12/2017

Conférence 3 – Décembre 2017


Lo que me contó mi abuelito
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Pour la dernière conférence de ce premier trimestre, Rosa notre chère vice-présidente, nous a proposé de visionner le documentaire d'Agnès Lanusse et Dominique Gautier : « Lo que me contó mi abuelito ».

Le film retrace le parcours des Béarnais qui émigrèrent en Argentine. Le titre rend hommage au récit oral comme mode de transmission, grâce auquel les descendants peuvent aujourd’hui reconstruire l’histoire de leur famille.
Les témoignages directs des protagonistes avec leurs motivations, leurs luttes et leur destinée finale ont captivé l’attention des 36 membres présents. Des images d’archives saisissantes et émouvantes ont rendu palpable le vécu de ces émigrants béarnais si proches de nous et ont nourri les conversations de nos adhérents autour du pot de l’amitié accompagné des « nevaditos » les délicieux petits gâteaux apportés d’Espagne par Rosa.
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Historias de la inmigración bearnesa en Argentina

A fines del siglo XIX y principio del siglo XX Argentina se convierte en un polo de recepción para la ola de inmigración europea que llega al país movida por la esperanza de hallar nuevos horizontes y escapar de la guerra y sus penurias. Si bien dos grandes grupos se destacan por su importancia, los españoles y los italianos, no fueron las únicas naciones que arribaron al país. Hay otros grupos menos visibles como los bearneses, provenientes del Bearn, una pequeña provincia ubicada al suroeste de Francia, que también vinieron.

Agnès Lanusse viajó a Argentina en 2007 con el objetivo de recopilar testimonios y memorias de descendientes de bearneses que mantuvieran de diversos modos los lazos con la cultura francesa y filmar el documental que tituló “Lo que me contó abuelito”. Como el título connota, el film logra transformarse en una sucesión de relatos intimistas que construyen y sostienen una memoria histórica: recuerdos, fotografías, voces, canciones y las lenguas. De hecho, el bearnés y el francés forman parte del patrimonio inmaterial sobre el cual el documental trabaja como un modo de visibilizar, de montar en escena las huellas del pasado constitutivas también de lo que llamamos identidad nacional: sentirse argentino, como dicen los descendientes, pero vivir en sintonía con el ser francés.

El documental registra, recorre el campo, los cascos de estancia de la época, traza un mapa geográfico, social y sentimental de los bearneses en Argentina y allí aparecen los tópicos de la inmigración como la partida, el viaje sin certeza de retorno, el abandono, la inserción en la realidad del campo argentino, el progreso. El imaginario, como dice una de las descendientes, de aquello que se hizo por última vez en la propia tierra antes de partir. La cultura es aquello que se vive, se transmite y se narra, y es gracias a esta voluntad de transmitir que los descendientes pueden hoy reconstruir su genealogía familiar.

“Lo que me contó abuelito” es el nombre de un libro donde se encuentran transcripciones de canciones, cartas, experiencias que un abuelo dejó a sus nietos, entre las cuales se guarda la letra de una canción infantil tradicional bearnesa llamada “La caille”, musicalizada en el documental por un guitarrista argentino de origen vasco y admirador de Atahualpa Yupanqui, en un encuentro entre la música tradicional de la llanura pampeana y el Bearn. El escritor Bioy Casares es mencionado también por sus antepasados bearneses y la importancia que dio a la difusión de dicha cultura en sus obras.
Source : chemonsieur.com


Interview d'Agnès Lanusse – février 2010
Comment s'est réalisé le film « Lo que me conto abuellito... », qui signifie « Ce que me racontait mon grand-père » ?
Nous sommes partis quinze jours en 2007 et nous avons réalisé vingt-six heures de tournage avec de nombreux témoignages. Il nous a ensuite fallu deux ans et une vingtaine de dossiers pour trouver des financements pour le montage. La Ville de Pau nous a toujours soutenus. Le Conseil général nous a versé une subvention il y a un mois. Les communes de Monein et Navarrenx ont donné, ainsi que la vallée d'Aspe - les autres vallées ne se sentent pas concernées. Le Crédit agricole nous a aussi apporté sa contribution. Le budget global s'élève à 21 000 ? Et puis, bien sûr, nous avons bénéficié d'un soutien sans faille de la Cumamovi et du Creav. La musique a été écrite par Benoît Larradet et Denis Frossard, des Menestrèrs Gascons, à partir d'une musique traditionnelle, « La Caille », chantée par Florie Mesple.
Sa projection au cinéma Le Méliès, à Pau, le 4 février 2010, a été un succès.
Oui, nous avons refusé beaucoup de monde, c'est incroyable. Il y a une proximité importante avec l'émigration béarnaise. Pour moi, c'est important car j'avais des oncles en Amérique. Ces oncles sont devenus des immigrés comme les 120 000 Basques et Béarnais du département. Il y a énormément de personnes qui ont quelque chose à voir avec l'émigration, on n'y pense pas.
Comment expliquer cet engouement du public et le peu d'engouement des financeurs ?
Tout ce qui est béarnais n'intéresse pas les pouvoirs publics, notamment le Conseil général. Ce n'est pas un sujet d'actualité. Et puis ils ont une vision très centralisée. Notre culture béarnaise n'est pas très bien mise en valeur, contrairement à celle des Basques. Quand on parle d'émigration, on nous dit souvent : « Ah oui, beaucoup de Basques sont partis. » Quand les Basques font une exposition sur l'émigration, ils ont eu de l'argent. Les Basques ont moins de mal que les Béarnais à se mettre en valeur. Les Béarnais sont « bergounious », ils ont honte. Aujourd'hui, la culture béarnaise est l'oeuvre de militants, qui ont abouti à des fêtes populaires comme Hestivoc, le carnaval. Pau est aux couleurs de l'Occitanie, mais on a mis du temps à s'approprier notre culture.
Il y a aussi un rapport particulier à l'émigration ?
Dans notre grande France, ce sont les Africains qui émigrent, pas nous ! Ou alors, nous, nous partons pour la liberté ! Or il faut savoir que nous sommes aussi partis parce que les terres étaient trop petites. On ne part pas quand on est bien quelque part. La première fois que je suis partie pour l'Argentine, j'ai vu l'Ossau derrière moi et je me suis dit que j'allais revenir. Eux, quand ils sont partis, ils ne sont jamais revenus. On le voit dans le film. La petite-fille d'un Béarnais immigré dit : « Je suis convaincue que mon grand-père a beaucoup souffert dans cette terre. » Il y a des photos au Musée de l'immigration de Buenos Aires, où l'on voit des gens massés dans un réfectoire, des lits superposés posés dans des dortoirs...
Pourquoi partaient-ils ?
On dit que c'est le cadet qui partait parce que l'aîné gardait les terres. Les cadets devenaient bergers ou domestiques des aînés. Les filles s'en allaient aussi parce qu'elles ne voulaient pas se marier. On les mettait alors sur des bateaux à voile, c'était moins cher. Il y avait aussi les guerres de Napoléon III. En 1848, des républicains français sont partis aussi, comme Alexis Peyret. La période de départ s'est étalée de 1830 à 1870 et a continué aussi au XXe siècle.
Comment ces voyages étaient-ils organisés ?
Il y avait des agences d'immigration qui faisaient de la propagande sur les marchés. On recrutait, on donnait des passeports. Les gens partaient parce qu'ils avaient un métier : charpentier, boulanger, charcutier, laboureur. Ils étaient appelés par le gouvernement argentin. Ils prenaient ensuite le bateau de Bayonne, de Bordeaux ou d'Espagne.
Pourquoi ne sont-ils pas revenus ?
Ils ne pouvaient pas forcément. Et puis, comme tout le monde, une fois installés, les enfants à l'école, ils ont fait leur vie. Au bout du compte, ils sont devenus Argentins. C'est partout pareil. J'avais des voisins tunisiens à Orthez, ils avaient fait construire une maison en Tunisie, mais ils ne repartaient pas ou que pour les vacances. Les enfants étaient à l'école ici.
 Au fond, nous aussi, les Béarnais, avons été les immigrés des autres ?
Oui, mais dans notre histoire de France, on ne nous a jamais dit qu'on avait émigré. La seule différence avec les émigrés d'aujourd'hui, c'est que eux avaient du boulot assuré. Comme les immigrés des années soixante-soixante-dix en France.
C'est un film très actuel...
C'est un film qui explique que c'est la même histoire de souffrance des émigrés béarnais que celle des émigrés actuels. Une fois dans le pays, on adopte une nouvelle culture et on se sent du pays. C'est la question de l'identité nationale.
Et de la souffrance de partir...
Le partir est toujours quelque chose de douloureux. Alors, je me mets à la place des immigrés. Je suis toujours bouleversée quand on expulse des gens. Alors que leur présence ne nous enlève rien. Depuis que le monde est monde, les populations ont toujours bougé. Pourquoi sommes-nous aussi peu tolérants avec les gens qui arrivent. Pourquoi faut-il les remettre dans des avions ? Imaginez si, à l'époque, on avait remis les Béarnais sur les bateaux dans l'autre sens !
                                               Source : sociedadfrancesa3a.blogspot.fr