06/02/2024

Conférence – Février 2024

 

La Escuela de pintura de Cuzco

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Ce mardi 6 février 2024, devant 35 auditeurs, Beatriz a décrit avec précision l’histoire de L’École de Cuzco, creuset du mélange des cultures (métis et indigènes). En voici le résumé :





L’école de Cuzco est un mouvement artistique qui s’est développé durant les XVIe et XVIIe siècles, localisé en Amérique du Sud, dans la zone constituée par le Virreinato du Pérou.

Les Espagnols vont mettre en place une espèce de « campagne publicitaire » pour justifier leur présence dans les territoires (si violemment) conquis, d’un côté : ils vont donc se présenter comme les légitimes héritiers du peuple inca. De l’autre côté, ils vont se donner une mission d’évangélisation à travers un mélange de cultures et de religions espagnoles et incas. C’est de cette dernière volonté que naîtra l’école de Cuzco.

Le mélange va s’opérer progressivement, néanmoins, deux phases restent décisives pour attendre l’apogée de ce mouvement pictural. Dans un premier temps, des artistes vont arriver d’Espagne pour enseigner les techniques (peinture flamande, maniérisme, perspective…) et les thèmes (icônes de la Vierge Marie, Jésus Christ et d’autres saints).

Au début, dans les ateliers, on demandera aux ouvriers métis et indigènes d’apprendre les techniques et de reproduire ce que les Espagnols peignent. Le mélange des cultures est soigneusement choisi par les Espagnols pour servir leurs objectifs. Les tableaux vont servir d’exemple pour que les indigènes se convertissent et pour effacer les années de violence durant la conquista.

Au XVIIe siècle les métis et indigènes montent leurs propres ateliers. Les objectifs des Espagnols n’ont plus lieu d’être. Ils vont pouvoir, non seulement, laisser libre cours à leur créativité, mais ils s’approprient ce moyen d’expression pour exalter leur passé inca et leur culture. Ce tournant dans le mouvement va amener un syncrétisme sincère (puisque la religion chrétienne a déjà marqué les esprits des populations autochtones) et unique. Dans les tableaux l’on mettra en valeur la faune et la flore andine, les couleurs vives et le soin du détail seront présents, mais on s’éloignera de la perspective de la renaissance. En outre ils sont d’une valeur ethnographique et historique inestimable. Les icônes religieux vont évoluer et là où les Espagnols adoraient la vierge Marie, les indigènes dirigeaient leurs prières à la Pacha Mama.

Le déclin de ce mouvement s’enclenche lors de la rébellion, en 1780, menée par Tupac Amaru II, un cacique (noble inca) qui suite à ses demandes légitimes, ignorées, auprès du Virreinato du Pérou, ne va plus supporter la mainmise des Espagnols sur son peuple. Malgré son exécution l’année suivante, les Espagnols ne pourront plus éteindre le feu « patriotique » qui les mènera jusqu’aux guerres d’indépendance au XIXe. Les Espagnols s’en rendent compte et ils vont détruire et interdire toutes lectures, images et autres moyens de consolider l’identité indigène. L’école de Cuzco se trouvant au cœur de l’initiative de la récupération de l’héritage inca va en subir les conséquences.

Aujourd’hui, malgré tout, nombreuses sont les œuvres qui témoignent de cette époque dans les temples et les musées latino-américains (et autres). Le quotidien est également teinté de ce mélange de religions, notamment durant la période de Noël.

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  Le diaporama de la conférence