Colomiers et Eugène Montel
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Voici le compte rendu de la conférence sur l’Histoire de Colomiers, présentée par Pierre-Yves Schanen, agrégé d’histoire, devant 50 auditeurs (un record !) : |
Merci à la Peña Columérine d’avoir voulu cette conférence en hommage à Henri Molina président de la société d’histoire locale. Pour y associer aussi mon ami Fabien Jouvé, professeur d’histoire avec lequel j’avais rédigé une biographie d’Eugène Montel, elle raconte la rencontre entre un terroir, Colomiers, et un cadre socialiste, Eugène Montel qui a conduit à la création d’une ville nouvelle.
Le terroir, en terrasse, a été structuré par sa position de banlieue, avec 3 caractéristiques :
1) les voies (romaines puis royale et même le chemin de fer en 1868, puis le Tramway en 1905) qui desservent le terroir,
2) les grands domaines dont les propriétaires recherchent un pouvoir local et d’une légitimation urbaine (qui prend la forme d’une coseigneurie), d’abord entre St Sernin et le comte de Toulouse, puis entre le Roi et des capitouls toulousains à la recherche d’un titre et d’un château de prestige,
3) Un village et une paroisse qui ne polarisent pas le terroir (fort et église), et luttent pour la maitrise des communaux (forêt de sauvegarde), ou de la charité (hôpital puis maison de charité).
Le changement de structure à la Révolution, après l’échec des modérés et des révolutionnaires face aux catholiques appuyés par la famille Lasplanes, ouvre une période de vie démocratique (querelle scolaire, tensions sur les lieux symboliques du village, et sur la privatisation des communaux). Les conservateurs catholiques (sœurs) s’opposent aux propriétaires modernisateurs des châteaux (industriel de Pigny qui fait venir le train), et aux républicains (artisans locaux favorables à l’école publique). Ces querelles font naître un socialisme rural attaché aux communaux et à l’aide sociale (Marini) qui s’oppose à Belcastel (gendre de Lasplanes). Avec la victoire de la république, un maire républicain radical puis modéré, Collongues, voit son village s’électrifier et son terroir perdre du dynamisme. Son successeur des années 30, Calvet, modéré, ingénieur qui a électrifié le village reste en place sous l’occupation, sans collaborer, pendant que des réseaux résistants souvent de gauche s’opposent aux Allemands qui accélèrent la mutation de l’ouest toulousain comme terre d’aéronautique.
Montel, instituteur protestant et franc maçon, lui aussi vient d’une banlieue rurale, viticole, de Narbonne et est le successeur de Ferroul, leader de la grève des vignerons de 1907, à la tête de la fédération SFIO de l’Aude. Il devient le principal collaborateur parlementaire de Blum en lui permettant d’être élu à Narbonne en 1929 et est membre de son cabinet en 1936. À l’aide de son gendre, Massardy, industriel après avoir été représentant de Ford en France, il organise des envois de camions aux républicains espagnols depuis la villa de l’Armurier, achetée par Massardy à Colomiers. C’est là que Montel, puis Blum se réfugient lors de la débâcle. Ils tentent d’y réorganiser une SFIO résistante ce qui leur vaut une arrestation par Vichy. C’est pourquoi les résistants communistes qui veulent l’appui socialiste pour remplacer le maire Calvet à la libération proposent à Montel le poste en 1945. De 1945 à 1958, il combine une gestion débonnaire et ouverte aux catholiques avec la présidence du conseil général. Mais devant la croissance ouvrière liée à l’aérospatiale, il décide d’un plan d’urbanisme (Plan Viguier) geste de défi modernisateur d’utopie socialiste qui compense son opposition à De Gaulle et sa rivalité avec Bazerque.
L’accueil de la Peña, la patience de son président, la présentation par madame Dupont et la présence notamment d’Arnaud Simion et de Philippe Briançon ont rendu agréable cet hommage et ce récit devant quelques anciens columérins et les membres de l’association. Belles images trouvées par le président de la construction de la ville pour clore ce très agréable moment. Merci à vous.
Le terroir, en terrasse, a été structuré par sa position de banlieue, avec 3 caractéristiques :
1) les voies (romaines puis royale et même le chemin de fer en 1868, puis le Tramway en 1905) qui desservent le terroir,
2) les grands domaines dont les propriétaires recherchent un pouvoir local et d’une légitimation urbaine (qui prend la forme d’une coseigneurie), d’abord entre St Sernin et le comte de Toulouse, puis entre le Roi et des capitouls toulousains à la recherche d’un titre et d’un château de prestige,
3) Un village et une paroisse qui ne polarisent pas le terroir (fort et église), et luttent pour la maitrise des communaux (forêt de sauvegarde), ou de la charité (hôpital puis maison de charité).
Le changement de structure à la Révolution, après l’échec des modérés et des révolutionnaires face aux catholiques appuyés par la famille Lasplanes, ouvre une période de vie démocratique (querelle scolaire, tensions sur les lieux symboliques du village, et sur la privatisation des communaux). Les conservateurs catholiques (sœurs) s’opposent aux propriétaires modernisateurs des châteaux (industriel de Pigny qui fait venir le train), et aux républicains (artisans locaux favorables à l’école publique). Ces querelles font naître un socialisme rural attaché aux communaux et à l’aide sociale (Marini) qui s’oppose à Belcastel (gendre de Lasplanes). Avec la victoire de la république, un maire républicain radical puis modéré, Collongues, voit son village s’électrifier et son terroir perdre du dynamisme. Son successeur des années 30, Calvet, modéré, ingénieur qui a électrifié le village reste en place sous l’occupation, sans collaborer, pendant que des réseaux résistants souvent de gauche s’opposent aux Allemands qui accélèrent la mutation de l’ouest toulousain comme terre d’aéronautique.
Montel, instituteur protestant et franc maçon, lui aussi vient d’une banlieue rurale, viticole, de Narbonne et est le successeur de Ferroul, leader de la grève des vignerons de 1907, à la tête de la fédération SFIO de l’Aude. Il devient le principal collaborateur parlementaire de Blum en lui permettant d’être élu à Narbonne en 1929 et est membre de son cabinet en 1936. À l’aide de son gendre, Massardy, industriel après avoir été représentant de Ford en France, il organise des envois de camions aux républicains espagnols depuis la villa de l’Armurier, achetée par Massardy à Colomiers. C’est là que Montel, puis Blum se réfugient lors de la débâcle. Ils tentent d’y réorganiser une SFIO résistante ce qui leur vaut une arrestation par Vichy. C’est pourquoi les résistants communistes qui veulent l’appui socialiste pour remplacer le maire Calvet à la libération proposent à Montel le poste en 1945. De 1945 à 1958, il combine une gestion débonnaire et ouverte aux catholiques avec la présidence du conseil général. Mais devant la croissance ouvrière liée à l’aérospatiale, il décide d’un plan d’urbanisme (Plan Viguier) geste de défi modernisateur d’utopie socialiste qui compense son opposition à De Gaulle et sa rivalité avec Bazerque.
L’accueil de la Peña, la patience de son président, la présentation par madame Dupont et la présence notamment d’Arnaud Simion et de Philippe Briançon ont rendu agréable cet hommage et ce récit devant quelques anciens columérins et les membres de l’association. Belles images trouvées par le président de la construction de la ville pour clore ce très agréable moment. Merci à vous.
Pierre-Yves Schanen
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Images historiques - Colomiers - La construction de la ville
Hommage à Henri Molina
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