18/06/2024

Conférence – Juin 2024

 Le 1er tour du monde de 

Magellan & Elcano

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Ce 18 juin, cette dernière conférence hispanique de la saison s’est présentée sous les meilleurs auspices. En effet, Marie-Pierre Vignau, notre journaliste attitrée, nous avait précédemment écrit, dans le journal local La Dépêche du Midi, un article fort intéressant sur ce 1er tour du monde et sur le bilan de la saison. Cela nous a attiré beaucoup de monde, aussi bien parmi nos adhérents que parmi des invités extérieurs intéressés par le sujet. 


Une quarantaine d’auditeurs ont écouté avec attention les explications très fournies de Beñat Zintzo Garmendia sur ce voyage. Docteur en histoire, il a décrit le personnage de Magellan qui est loin des stéréotypes appris à l’école…
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Magellan sauvé de l'oubli grâce au victorieux Sebastian Elkano, 
le capitaine Basque de Getaria.

Aussi surprenant que cela paraisse, jamais Magellan n'aurait pu passer à la postérité car mort en cours de route et sans avoir atteint l'objectif. Il doit sa postérité posthume au courage, à la témérité et à la compétence d'un de ses adversaires durant la terrible expédition, le Basque de Getaria : Sebastian Elkano.

Jamais il n'a été question que Magellan accomplisse le 1° tour du monde en bateau. Quand bien même l'aurait-il voulu, cela lui était impossible ! L'expédition de Magellan n'avait qu'un objectif accéder aux richesses colossales des Moluques : les Épices et uniquement cela. Pour atteindre cet objectif, lui Portugais avec son associé "à la vie à la mort" le cosmographe – cartographe Rui Falero ont proposé au roi de Castille de découvrir une route à l'ouest pour contrer les Portugais ! Le roi, futur Charles Quint accepte le pari très osé, reposant sur une seule certitude très récente (1513) au-delà des terres découvertes par Christophe Colomb une mer immense s'offre aux aventuriers en direction des Indes tant désirées… Entre le moment de l’accord du roi de Castille et le départ de l’expédition, il s’écoulera un très long délai afin de préparer au mieux la flotte des cinq navires… mars 1518 – août/sept 1519.

Toutefois, méfiant le jeune Charles Quint remplace pour un très bon motif, au dernier moment Rui Falero l'associé de Magellan, par un des plus grands seigneurs Castillans. Comme à son habitude fortement courroucé Magellan n'aura alors de cesse que d'éliminer le capitaine commandant un bis. L'expédition ne s'annonce pas de tout repos. Le caractère insupportable et extrêmement autoritaire de Magellan ne permettra pas à l’expédition de se dérouler dans « une bonne atmosphère ». Les embûches, les tempêtes, l’avancée de l’expédition sans aucune direction clairement exposée, une très importante mutinerie, puis un bateau s’enfuyant, de nouveau et toujours des tempêtes, une progression longtemps à la recherche d’un passage (plus tard connu sous le nom de détroit de Magellan), les rigueurs de l’hiver, des côtes inhospitalières et toujours une descente vers l’enfer de l’Antarctique… en résumé une expédition emplie de souffrances et de peurs des plus logiques

Presque deux ans après le départ, et avant d’avoir atteint son but (les îles aux épices), à son tour Magellan mourra d'une manière expéditive. Fanfaron ou suicidaire Magellan décide d’éliminer un petit roi régional qui refuse de reconnaître l’autorité du roi de Castille… Alors malgré les conseils de l’autre roi (Humabon) qui s’était rallié à Magellan, ce dernier dans un esprit de témérité déplacé part à l’attaque à 1 contre 20 voire contre 60. 50 expéditionnaires parvenant difficilement jusqu’à la côte contre 1 000 à 3 000 adversaires bien déterminés selon les chercheurs. Bien entendu cible privilégiée des autochtones commandés par leur roi Lapu Lapu Magellan fera partie des victimes le 27 avril 1521. A-t-il recherché une mort noble plutôt que de risquer un tribunal à son hypothétique retour en Espagne ? L’expédition tente de poursuivre son objectif, mais privée du chef autoritaire elle rencontrera de nombreux obstacles avant qu’un certain Sebastian Elkano un basque de Getaria ne soit élu nouveau chef de l’expédition. Alors sur un coup de génie, Elkano transforme une expédition en totale dérive en un véritable exploit imprévu : faire le 1° tour du Monde en bateau. A son tour Elkano aura besoin de presque un an pour ramener à Séville le 6 septembre 1522 sains et sauf une poignée des marins partis trois ans plus tôt, une cargaison des plus fabuleuses et probablement pour l’époque, le plus grand exploit faire en une fois tout le tour de la Terre.

P.S. : J'ai été très agréablement surpris par une forme d'enthousiasme du public concentré et très présent. Certes j'ai donné "le meilleur de moi-même", j'ai fini sur les rotules, mais après une bonne nuit et il n'y a plus de trace. Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de monde en plein après-midi (40 !).

Beñat Zintzo-Garmendia
Docteur en Histoire du Pays Basque (1978-1991...) Géographe, Anthropologue
  • membre d'Euskal Dantzarien Biltzarra (1981 - ...)
  • membre d'Eusko Ikaskuntza (1986- ...) ; de Jakintza (2015- ...)
  • dantzari/danseur, txistulari/txistulari (1970-2021)
  • membre de la SGDL, La Société des Gens de Lettres
  • apiculteur (Syndicat des Apiculteurs d'Occitanie 1985 - ...)