Des français dans les geôles franquistes (1940-1944)
Première conférence de 2025 devant 45 personnes par Jean-Claude Marcel, membre de la Cie des écrivains de Tarn-et-Garonne. Jean-Claude Marcel n’est pas historien de profession. Après une carrière comme ingénieur et pilote dans l’Aviation civile, il est, au tournant des années 2000, revenu dans la montagne ariégeoise qu’il avait fréquentée dans sa jeunesse, là où chaque sentier menant à un col de la crête frontière fut pendant la guerre, l’espoir d’un chemin vers la Liberté. Dans les villages, des histoires de passages, dont certains dramatiques, étaient encore dans la mémoire collective. |
Tout en refusant de reconnaître officiellement la France libre aux lieu et place de Vichy, Franco a laissé s’établir à Madrid une « Mission Française de Liaison avec Alger » qui fut en fait une « ambassade dissidente ». Sous le label « Croix-Rouge » et avec l’appui financier anglo-américain, elle a organisé la libération des prisonniers français en une trentaine d’opérations entre février. 43 et décembre 1944 selon un processus bien défini. Pour chaque opération, le délégué Croix-Rouge (Mgr Boyer-Mas) soumet à l’Administration carcérale une liste par prison de prisonniers à libérer ; il organise ensuite leur transport vers un « lieu de résidence surveillée » géré par la Croix-Rouge (souvent un établissement thermal désaffecté). Ils y restent quelques semaines pour une remise en état physique compatible avec une incorporation. Puis ils sont logés en hôtels à proximité d’une gare (Barcelone ou Madrid), d’où ils partent groupés en train (ou camions) vers un port : successivement Setubal, Malaga, Algésiras, Gibraltar. Dans ce port sont précédemment arrivés du Maroc deux bateaux français (sous pavillon britannique), qui ont déchargé une cargaison de phosphates et de blé. À eux deux ils embarquent un millier de prisonniers libérés et appareillent pour le Maroc en convoi protégé des sous-marins allemands par des navires de guerre. Au total, en 34 opérations, 500 000 tonnes seront déchargées en contrepartie de 23 000 hommes libérés. Arrivés à Casablanca, ils sont incorporés dans l’armée française et participeront aux débarquements de Corse, Naples, Normandie et Provence.
À titre d’exemple illustré de photos, est présenté le parcours d’un réfractaire ariégeois au STO, évadé par l’Andorre, prisonnier à Lérida, en résidence surveillée dans un « balneario », puis en hôtel à Barcelone ; embarqué à Malaga, il est incorporé à Casablanca et débarquera à Naples avec le Corps expéditionnaire français pour libérer l’Italie.